
Bellevoye est aujourd'hui la marque qui fait parler d'elle
Deux entrepreneurs, Jean Moueix et Alexandre Sirech, lancent un spiritueux aux grandes ambitions. L'Élysée vient de l'adopter.
"Nous produisons le premier whisky national"

De fait, Bellevoye, "triple malt" tricolore, est le résultat d'un assemblage d'eaux-de-vie de plus de quatre ans achetées à trois distilleries, une lilloise, une autre située à Uberach en Alsace et une charentaise, du côté de Cognac. L'élevage final est réalisé en Charente, dans des fûts neufs en chêne de l'Allier, pour un produit "100 % made in France", qui, à la dégustation, se montre équilibré, plein d'arômes floraux, pas le moins du monde tourbé. "Nous avons horreur de la tourbe", justifient Jean Moueix et son associé Alexandre Sirech.
Bref, un whisky franc du collier, sérieux, qui a pris le parti de se passer de cette morsure alcoolisée souvent dérangeante, sans pour autant se montrer le moins du monde aguicheur. L'ensemble est consensuel.


Ajoutons que l'idée de faire du whisky en France, devenue le premier marché au monde - nos compatriotes en dégustent 142 millions de litres par an, soit plus de 2 bouteilles par personne -, semble très opportune. Le whisky à lui seul représente près de 40 % du marché des spiritueux. Mais la production hexagonale réalisée par une quarantaine de petites maisons est restée jusqu'à présent locale et artisanale, destinée à des marchés restreints. A contrario, la vision de Jean Moueix et de son associé Alexandre Sirech dépasse largement le cadre régional.
Aujourd'hui, les produits français qui se vendent bien en dehors de nos frontières sont essentiellement les vins, les spiritueux et les avions. Les avions, ce n'est pas vraiment notre domaine, nous avions peur de nous ennuyer. Mais nous connaissons bien les vins et spiritueux, et notre objectif est clairement d'exporter.

Ce whisky a été baptisé Bellevoye, sans référence au dessinateur et graveur du XIXe siècle. Plutôt un nom choisi pour sa belle sonorité et les images positives auxquelles il renvoie. Le flacon, quant à lui, avec son étiquette bleue, évoque autant le parfum que les spiritueux. Il s'agit de la première réalisation des Bienheureux, le nom de la jeune entreprise créée en mars 2013 par Moueix et Stirech. "Nous avions terminé le montage de notre société et il ne nous manquait que la raison sociale. Nous nous sommes installés dans un restaurant et nous avons annoncé à la patronne : "Nous ne sortirons d'ici qu'après avoir trouvé le nom de notre entreprise !" À la fin du repas, elle est venue nous voir, nous a regardés un moment et nous a dit : "Vous avez l'air bienheureux !" Nous n'avons pas cherché plus longtemps."
Un vrai savoir-faire
Faire un bon whisky en France n'est pas si difficile. Nous disposons d'une matière première de grande qualité, la maîtrise de la distillation est parfaite et nos artisans tonneliers produisent les meilleures barriques au monde...
La démonstration technique est flatteuse. La justification historique ne manque pas d'humour : "Napoléon est à l'origine du développement du whisky. Sans son blocus continental qui avait privé les Anglais de cognac, ils ne se seraient jamais tournés vers l'eau-de-vie écossaise. On peut donc dire que le whisky est une création des Français !"
